Certains posent des questions qui au début te font sourire. Mais après, elles sont prétextes à réfléchir et connecter tous un tas de choses entre-elles.
Comme ce genre de question :
Le Mahdi va-t-il naître l’année du Covid-19 (en vrai, pas sur Netflix) ?
Tu souris d’abord…
Maintenant tu réfléchis…
Parce que tu te dis, le Prophète (sAws) est bien né l’année où Allah a envoyé un (virus lépreux ?) par l’intermédiaire de (chauve-souris ?) franchissant la mer.
Tu te dis en plus, pourquoi ne voir que du malheur (covid-19 = mort) là où il n’y a pas forcément que du malheur.
Pourquoi ne pas voir dans un triste événement quelque chose de plus prometteur, du moins l’espérer.
Car face à un événement, trop de musulmans sont encore trop binaires. Soit c’est un malheur, soit c’est un bonheur.
On peut mélanger le ketchup et la mayo, non ?
Sérieusement, la vie est plus complexe. Pas juste noir ou blanc.
En plus, une vie c’est une SOMME d’évènements.
Si plus tard tu atterris au Paradis, alors seulement là tu en déduiras que tous les événements que tu as affrontés dans ta vie étaient BIEN pour toi, vue là où ils t’ont mené.
Si en revanche tu vas en Enfer, tu en déduiras le contraire !
Sinon, concrètement, le Prophète (sAws) est-il né l’année d’un coronavirus ?
Connais-tu l’Année de l’éléphant ?
Le Prophète (ص) est né cette même année.
Que s’est-il passé cette année dite de l’éléphant ?
Abraha, gouverneur du Yémen, trouve un prétexte pour aller détruire la Kaaba de la Mecque pour bien se faire voir des Byzantins, et narguer par la même occasion les Perses.
Il mène donc une armée dotée d’éléphants africains en plein désert pour aller détruire le lieu de culte des Arabes.
Les Mecquois demandent de l’aide à Trump… pardon anachronisme !…
Les Mecquois fuient en fait vers les montagnes qui entourent la ville. Ils refusent l’affrontement car ils ne sont pas de taille, et s’en remettent au(x) Dieu(x) de la Kaaba.
Allah (le vrai Dieu, l’unique et si t’es pas content ça change rien) décide d’intervenir.
Pas seulement pour protéger la Kaaba.
Le Coran (sourate n°105 – L’Eléphant) parle surtout de réduire à néant le stratagème d’Abraha qui impliquait de contrôler politiquement et religieusement la région.
La Kaaba ce ne sont que des pierres qui ont déjà été détruites et reconstruites. Allah Lui-même a parfois inondé la Mecque (oui c’est Allah qui fait pleuvoir pas la Chine ni les USA).
Allah envoie donc une nuée d’oiseaux qui ont lâché sur les troupes d’Abraha des « pierres de boue » (de la boue solidifiée).
Le Coran ne précisent pas quel type d’oiseaux. Et d’après les exégèses, il semble assez clair que les gens en Arabie ne connaissaient pas ce type d’oiseaux à l’époque.
Du coup, les descriptions s’emballent parfois et les font ressembler à des monstres dignes de Sindbad le marin dans les mille et une nuits.
Ces nuages d’oiseaux semblaient provenir de la mer nous dit-on. Cela semble logique car si ces oiseaux sont inconnus alors ils viennent forcément d’un autre continent au-delà de la mer.
D’autres récits plus réalistes les comparent à des chauve-souris ou des hirondelles.
Les historiens nous ont aussi parlé des conséquences (épidémiques ?) :
En effet, l’armée est mise en déroute avant même qu’elle aie pû arriver au pied de la Kaaba. Et les soldats commencent à développer les symptomes d’une maladie contagieuse.
Pas impossible donc que ce soit un virus contenu dans cette boue lâchée par ces oiseaux. Puisque vu la taille des boulettes de « pierres de boue », ce n’est pas l’impact qui pouvait nuire à ces soldats, mais bien autre chose.
On parle même de cécité qui touchera certains soldats. Aïcha (ض) aurait même rapporté avoir vu des années plus tard certains de ces soldats, devenus aveugles, en train de quémander de la nourriture aux Mecquois.
Tous ça est à prendre avec des pincettes.
Ce qui est sûr c’est la venue d’oiseaux en bande, porteurs de boulettes solides de boue contenant quelque chose qui a empêché l’armée d’Abraha en cours de route de continuer son avancée pour détruire la Kaaba.
…
Et cette même année ?
Allah offre Muhammad, en cadeau à l’humanité (sAws).
Donc comme tu le vois, le Prophète (sAws) serait né l’année d’une épidémie « bien ciblée ».
De toute façon, les épidémies ne sont pas nouvelles et on peut dire qu’elles sont presqu’aussi vieilles que l’humanité.
Ce qui est nouveau par contre c’est les pandémies.
Une épidémie, c’est quand ça reste assez localisé (une localité, une région, un pays). Une pandémie, c’est quand ça se propage au-delà et que ça traverse les frontières.
J’en viens donc au deuxième point :
Peux-tu vivre sans la 4G ?
Vous le savez, ce qui rend le Covid-19 dangereux c’est essentiellement sa très large diffusion mondiale.
Un spécialiste du Collège de France rappellait que les principaux pays devenus foyers de la « bête » se situaient sur une ceinture qui correspond à la densité du trafic mondial aérien.
Cette carte te montre les axes et la densité du trafic aérien dans le monde en 2019 :
Wikipédia nous informe que les épidémiologistes ont toujours suivi de très près ce type de carte car ils ont compris la forte corrélation entre circulation mondiale et propagation épidémique.
Donc oui c’est bien de traverser toute la planète en quelque heures à bord d’un avion climatisé et connecté. Mais c’est aussi mal vu l’empreinte écologique et épisodiquement l’impact épidémiologique.
Donc, sans philosopher, l’enseignement simple à tirer ?
C’est d’arrêter de sacraliser la « modernité ».
Comprends bien, la question n’est pas d’être anti-modernité ou pro-modernité. La question c’est de ne pas sacraliser.
Ne pas sacraliser, ça veut dire quoi ?
Cela veut dire ne pas mettre la science et la modernité sur un piédestal.
Tu ne dois pas croire que tout ce que produit la modernité et la science est infaillible.
Tu ne dois pas jurer par la toute puissance de la raison, des sciences, des technologies.
Surtout, cela ne doit pas devenir ton nouveau Dieu.
Mais euh… Et la Raison avec un grand R ?
La raison (même avec un grand R) reste d’origine humaine. Et à ce titre elle sera toujours limitée au nombre de connexion de tes neurones ! Et plus tu vieillis, moins tu connectes.
Les technologies ?
De simples outils. Tu dois être capable d’être épanoui, avec ou sans.
Si tu es malheureux (mais vraiment, genre t’es trop triste) une fois que je te coupe la 4G, alors cela démontre que tu avais trop sacralisé cette modernité.
Au demeurant, aucun prophète n’est venu pour inventer des machines pour aller plus vite, plus loin, pour monter plus haut dans le ciel ni pour inventer une nouvelle manière de communiquer par écrans interposés.
Car l’épanouissement des individus ne résident pas là en premier lieu.
L’épanouissement réside ailleurs. Tu dois chercher cet « ailleurs » (où ? à mon avis, plus en nous que sur Facebook ou Youtube).
Après le reste, tu vis juste avec ton temps, sans le subir totalement, sans le maudire totalement, point.
On a commencé par Abraha, un Yéménite d’il y a 1.500 ans. Alors on va terminer par un autre Yéménite (un sage) d’il y a 500 ans qui disait :
Ne prend pas ton époque en animosité, elle te vaincrait de toute façon
Et ne t’attache à aucun endroit, soit juste là où tu te sens grandir
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